L’approche sociologique du politique en France en bref

Pour caractériser l’approche sociologique du politique, il faut prendre en compte que la sociologie s’est autonomisée de l’art de gouverner et est devenue une science sociale du politique. C’est une approche qui a évolué de manière historique, vers une science de la sociologie politique. Cette sociologie politique a ainsi cherché à s’autonomiser du champ politique et du champ médiatique pour faire des analyses objectives. On distingue trois étapes clef à cette mutation.

Tout d’abord à la fin du XIXème siècle: « les » sciences politiques. Il s’agit d’un savoir pratique, tourné vers l’action. Elles héritent des sciences camérales, des sciences administratives et juridiques qui servaient aux serviteurs de l’état pour administrer le pays. Ensuite « la » science politique. C’est l’institutionnalisation de la discipline après la seconde guerre mondiale qui rencontre une demande des instituts de sondages et des organismes de presse avec les analyses quantitatives. La sociologie politique s’autonomise totalement dans les années 1970 à travers l’importation du raisonnement sociologique dans la science politique jusqu’alors surtout marquée par le droit. On voit une prégnance de l’épistémologie des sciences sociales avec trois exigences : la neutralité axiologique, l’empirie, la volonté de produire des généralisations. Les années 1980/90 avec notamment Bourdieu et son raisonnement sur la dénaturalisation des rapports de domination, transforment définitivement cette sociologie qui développe alors de nombreux autres objets en lien avec le politique comme la race le genre ou les mouvements sociaux, c’est là qu’elle s’autonomise totalement du droit et de l’état.

La sociologie interroge alors ce qui touche à l’état, ses limites, elle décrit ses institutions, politiques et administratives, ainsi que son pouvoir qui ressemble à un pouvoir religieux ou économique. Elle s’intéresse aussi aux agents de l’état, qui peuvent avoir un pouvoir de sanction. Un courant questionne notamment la violence légitime dans l’état de droit. La sociologie cherche aussi à décrire l’espace social politique, notamment à travers la notion de champ et la concurrence entre agents pour les postes de pouvoir. Daniel Gaxie dans la démocratie représentative distingue trois sous champs : la démocratie centrale, le champ politique périphérique intégré, le champ politique périphérique indifférencié. La sociologie politique observe également l’action publique avec une sociologie des problèmes publics, où la politique publique n’est pas forcément la solution aux problèmes préexistants même si elle est présentée comme telle par les pouvoirs publics. On y oppose libéralisme et interventionnisme, et on s’intéresse au néolibéralisme depuis les années 1980, à son apparition en France. La sociologie politique fuit le militantisme et creuse l’écart entre le politique et le savant.

A propos de l’étude de l’état et de ses institutions, on peut noter que dans le courant dominant en France à une époque marxiste, Bourdieu nous parle du fait que nous avons intériorisé un esprit d’état. Il nous présente donc l’état comme le détenteur du monopole de la violence symbolique légitime. Car l’état structure notre vie quotidienne du point de vue de nos actions mais aussi symbolique. C’est une production symbolique du monde social par l’état et le sociologue politique s’intéresse également aux mutations sociales liées aux changements induits par les politiques de l’état. Dans cette logique constructiviste, la sociologie peut aussi étudier les rapports de force et de domination à l’œuvre entre les agents du champ politique autant que du point de vue du profane, qui peut se transformer en action comme on le voit lors des révoltes (suffragettes, gilets jaunes, mai 68…), et qui caractérisent nos institutions.

L’approche sociologique du politique en France est donc une approche structuraliste qui analyse différents objets en rapport avec le politique, à l’aune des rapports de force et de domination entre profanes et professionnels du champ politique.

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